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Médecine (école de).

1re Partie. — Hôtel de Bourgogne. — École de Médecine. — Documents administratifs.

L’École de Médecine a été construite sur l’emplacement du collége de Bourgogne, dont nous rappelons l’origine. Jeanne de Bourgogne, reine de France, comtesse d’Artois et de Bourgogne, épouse de Philippe de Valois, donna, par son testament de l’an 1332, son hôtel de Nesle, et voulut que le produit de sa vente fut employé à la fondation d’un collége destiné aux pauvres écoliers séculiers et réguliers du comté de Bourgogne. Les exécuteurs testamentaires firent en conséquence l’acquisition d’une propriété située vis-à-vis du couvent des Cordeliers. On appela cette propriété la maison des écoliers de madame Jehanne de Bourgogne, reine de France. Le collége de Bourgogne fut, en 1763, réuni à l’Université.

Arrêt du conseil (7 décembre 1768). — « Vu au conseil d’état du roi, sa majesté y étant, le plan levé par M. Le Camus de Mézières, architecte de la maison appelée le collége de Bourgogne, rue des Cordeliers, aboutissant au cul-de-sac du Paon, et de quatre maisons y contiguës appartenant au dit collége réuni à celui de Louis-le-Grand, par lettres-patentes du 21 novembre 1763 ; desquelles quatre maisons, trois ont leur situation rue des Cordeliers, et la quatrième a son entrée dans le dit cul-de-sac du Paon. Vu la délibération prise le 1er décembre 1768, par laquelle, sur la proposition faite de céder au roi, pour l’emplacement des écoles de chirurgie, les terrains et bâtiments appelés le collége de Bourgogne, et les quatre maisons y contiguës, moyennant une rente en grains. Le roi étant en son conseil ; considérant la nécessité qu’il y a de transporter ailleurs les écoles de chirurgie placées aujourd’hui dans une rue fort resserrée, sur un terrain dont l’étendue n’est pas suffisante pour contenir le grand nombre d’étudiants que la célébrité de ces écoles y attire de toutes les provinces du royaume, et même des pays étrangers ; et voulant donner à l’académie royale de chirurgie, rétablie par les lettres-patentes du 8 juillet 1748, de nouveaux témoignages de sa bienveillance pour les services qu’elle rend journellement au public, a ordonné et ordonne que sur les terrains de la maison du collége de Bourgogne et des quatre maisons y contiguës situées sur la rue des Cordeliers et le cul-de-sac du Paon, appartenant au dit collége, dont l’étendue est déterminée dans le plan qui en a été levé, il sera élevé un amphithéâtre pour servir aux leçons d’anatomie, et il sera fait toutes les constructions de bâtiments nécessaires pour la tenue des assemblées de la dite académie royale et pour les écoles de chirurgie, et ce suivant les plans qui en seront arrêtés et approuvés. Ordonne sa majesté que les lods et ventes, droits d’indemnité et tous autres qui pourraient être dus par la dite académie, à l’occasion de l’établissement et transport du dit chef-lieu et des écoles de chirurgie, seront acquittés des deniers qu’elle destinera à cet effet. » (Archives du royaume, section administrative, regist. 2445). — L’exécution de ce monument, commencée en 1769, fut confiée à Gondouin, qui s’acquitta de sa tâche en architecte habile. L’édifice se compose de quatre corps de bâtiments, au milieu desquels se trouve une cour de 21 m. de profondeur sur 31 de largeur. La longueur de la façade sur la rue est de 57 m. ; cette façade présente une galerie à quatre rangs de colonnes ioniques, dont l’ordonnance règne sur toute la longueur. Ces colonnes sont en partie isolées, en partie engagées dans les deux massifs qui accompagnent la porte d’entrée, et dans les pieds-droits des trois arcades qui s’ouvrent à chaque extrémité du bâtiment. Sur l’entablement qui couronne cette colonnade, s’élève un étage en manière d’attique de douze fenêtres interrompues au-dessus de la porte par un grand bas-relief. La même ordonnance de colonnes ioniques appuyées sur les pieds-droits des arcades, règne dans l’intérieur de la cour. Elles supportent également un rang de fenêtres, qui n’est interrompu dans la façade du fond de la cour que par le beau frontispice corinthien dont nous allons nous occuper. Cette partie de l’édifice est très remarquable ; elle comprend le grand amphithéâtre qui peut contenir 1200 personnes, et qui reçoit le jour d’en haut ; il est précédé d’un fort beau péristyle de six colonnes corinthiennes. Un magnifique fronton dont la base se trouve au niveau de l’entablement général de la cour, vient couronner noblement ce péristyle. Le tympan du fronton se trouve rempli par un bas-relief d’une exécution pleine de pureté, et le mur du fond du péristyle est orné dans sa partie supérieure de cinq médaillons accompagnés d’un feston continu, qui supportent les portraits de cinq chirurgiens célèbres ; en un mot l’édifice de l’École de Médecine est l’ouvrage le plus classique du XVIIIe siècle.

Décret de la Convention, 12 frimaire an III. — « La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport de ses comités de salut public et d’instruction publique réunis, décrète ce qui suit : Article 1er. Il sera établi une École de Santé à Paris, à Montpellier et à Strasbourg. Ces trois écoles seront destinées à former des officiers de santé pour les hôpitaux et hospices, et spécialement des hôpitaux militaires et de la marine. — Art. 2e. Les bâtiments destinés jusqu’ici aux écoles de médecine et de chirurgie dans les communes de Montpellier et de Strasbourg, seront consacrés à ces écoles. Celles de Paris seront placées dans le local de la ci-devant académie de chirurgie, auquel on réunira le ci-devant couvent des Cordeliers, etc. — Art. 7e. Les écoles de santé de Paris, de Montpellier et de Strasbourg seront ouvertes dans le courant de pluviôse prochain, etc. — Art. 8e. Les écoles de chirurgie situées à Paris, à