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danseurs.

Deux premiers danseurs à 1 000 liv. chacun ; dix autres à 800, 600 et 400 livres.

Deux premières danseuses à 900 livres chacune ; huit autres à 500 et 400 livres.

orchestre.

Batteur de mesure (chef d’orchestre) à 1 000 livres.

(Suit la nomenclature de quarante-six instrumentistes dont les appointements varient de 600 à 400 liv.)

Deux machinistes à 600 livres.

De cet état officiel il résulte que le personnel de l’Opéra s’élevait, en 1713, à cent vingt-six artistes ou employés, le tout coûtant chaque année soixante-sept mille cinquante francs.

Francine, gendre et successeur de Lulli, avait hérité de son privilège ; mais, en 1712, ses créanciers s’en étant emparés, Guinet, syndic, administra ce théâtre jusqu’en 1724. L’Académie devait alors 300 000 liv. Le roi la fit gérer en son nom et appela Destouches à la direction. Un nouveau changement eut lieu en 1730 ; le privilège fut accordé à un nommé Gruer, qui en fut dépossédé l’année suivante. Son successeur, Lecomte, éprouva le même sort pour avoir refusé une double gratification à la demoiselle Mariette, danseuse singulièrement protégée par le prince de Carignan. Lecomte fut mis à la retraite par le ministre de la maison du roi le 1er avril 1733. Louis-Armand-Eugène de Thuret, ancien capitaine au régiment de Picardie, le remplaça ; onze ans après il obtint sa retraite avec une pension viagère de 10 000 livres. Son successeur, François Berger, ancien receveur général des finances, géra trois ans et greva l’Académie de Musique d’une dette de 450 000 livres.

Tout annonçait la ruine de l’Académie royale de musique ; dans cette extrémité, le gouvernement ne vit point d’autre parti à prendre que d’en confier l’administration à la prévôté des marchands. Un arrêt du conseil, à la date du 26 août 1749, en remit la direction à ces magistrats, sous la seule condition d’en rendre compte au ministre de la maison du roi. Ce mode d’administration dura jusqu’au mois d’avril 1757.

L’Académie fut alors affermée pour trente années à Francœur et Rebel. Le 6 avril 1763, un terrible incendie dévora la salle de l’Opéra et, le 24 janvier suivant, les acteurs prirent possession du théâtre des Machines qui faisait partie du palais des Tuileries. Aucun changement n’eut lieu jusqu’en 1769. Le 3 juillet de cette année fut rendu un nouveau règlement dont il est utile de reproduire les principales dispositions :

« Les sujets composant l’Académie royale de musique seront et demeureront fixés, savoir pour les hommes, de 16 basses-tailles, 8 tailles, 8 hautes-contres pour les femmes ; de 8 premières-dessus, 8 secondes-dessus et 4 surnuméraires. Les ballets, de 82 personnes toutes dansantes, tant hommes que femmes, savoir pour les hommes, de 10 danseurs seuls, et en double 24 figurants, 6 surnuméraires ; et pour les femmes, de 6 danseuses seules, et en double 24 figurantes et 12 surnuméraires. L’orchestre de 76 musiciens, savoir 2 maîtres de musique, 2 clavecinistes, 4 contrebasses, 12 violoncelles, 24 violons, 4 violons surnuméraires, 6 flûtes et hautbois, 6 bassons, 4 altos, 4 cors-de-chasse, 2 clarinettes, 2 trompettes, 2 cimballes, 1 tambour et 1 musette. »

Des lettres-patentes du 11 février 1764 avaient ordonné la reconstruction du théâtre du Palais-Royal, dont l’inauguration eut lieu le 26 janvier 1770, par la reprise de Zoroastre, opéra de Rameau.

Au commencement de l’année 1776, le bureau de la ville obtint d’être débarrassé de l’administration de l’Opéra, et le roi nomma bientôt une commission qui commença sa gestion à la nouvelle année théâtrale. Le Breton fut nommé directeur-général, et le corps de la ville resta propriétaire du privilège. Cette gestion ne dura pas longtemps ; un arrêt du conseil d’état du roi à la date du 18 octobre 1777, accorda la concession de l’entreprise pour douze années, au sieur de Vismes, à partir du 1er avril 1778, avec tous les droits conférés autrefois au bureau de la ville. De Vismes quitta l’administration de l’Opéra au commencement de l’année 1780, et par arrêt du conseil d’état du roi, du 17 mars, le privilégie que possédait le corps municipal dut cesser à compter du 1er avril, et les dettes de l’établissement contractées jusqu’à cette époque furent mises à la charge de la ville. Le Breton reprit la direction et mourut le 14 mai suivant ; il eut pour successeurs Dauvergne et le musicien Gossec. À cette époque, le prix des places du parterre fut porté de 40 à 48 sols, le caissier assujetti à un cautionnement, et la régie confiée à un comité nommé par le roi.

Ce théâtre commençait alors à jeter un vif éclat. Voltaire en fit ainsi l’éloge :

« Il faut se rendre à ce palais magique,
Où les beaux vers, la danse, la musique,
L’art de charmer les yeux par les couleurs,
L’art plus heureux de séduire les cœurs,
De cent plaisirs font un plaisir unique. »

C’était le temps où brillaient Vestris, Gardel, Dauberval, mademoiselle Guimard et Sophie Arnould. Malgré les talents de ces artistes, l’administration se trouvait obérée, et dans les années 1778 et 1779, la dépense avait dépassé la recette de 700 000 livres.

Le 8 juin 1781, un embrasement subit détruisit en quelques heures la salle de l’Opéra. — « Une corde de l’avant-scène dit Mercier, s’alluma dans un lampion, mit le feu à la toile, la toile embrasa les décorations et les décorations portèrent l’incendie dans le pourtour des loges. Tout le théâtre fut consumé… Des débats parmi les administrateurs avaient fait négliger les précautions les plus indispensables. Quatorze personnes ont été réduites en charbon. »

En soixante-quinze jours une salle provisoire était