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Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/496

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de son devoir de faire disparaître tous les monuments qui alimenteraient les préjugés religieux, et ceux qui rappellent la mémoire exécrable des rois, arrête que dans huit jours les gothiques simulacres des rois de France, qui sont placés au portail de l’église, seront renversés et détruits et que l’administration des travaux publics sera chargée sous sa responsabilité de lui rendre compte de l’exécution du présent arrêté, etc… Arrête de plus, que toutes les autres effigies religieuses qui existent dans les différents quartiers de Paris, seront enlevées ; que tous les marbres, bronzes, etc… sur lesquels sont gravés les arrêts des parlements contre les victimes du despotisme et de la férocité des prêtres, seront également anéantis. » (Reg. de la commune, t. 21, p. 13 145).

Extrait des registres du Comité du salut public de la Convention Nationale du 23 floréal, l’an II de la république une et indivisible (12 mai 1794). — « Le Comité du salut public, arrête qu’au frontispice des édifices ci-devant consacrés au culte, on substituera l’inscription Temple de la Raison, ces mots de l’article 1er du décret de la Convention nationale du 18 floréal : Le peuple Français reconnaît l’Être suprême et l’immortalité de l’âme. Le Comité arrête pareillement que le rapport et le décret du 18 floréal seront lus publiquement les jours de décade, pendant un mois dans ces édifices, etc. Signé au registre Robespierre, Billaud-Varennes, Couthon, Carnot, C.-A. Prieur, B. Barrère, Robert-Lindet et d’Herbois. »

L’empereur Napoléon fit restaurer l’église Notre-Dame pour la cérémonie de son sacre. Le nouveau grand autel a été construit en 1803. La grille qui sépare le chœur de la nef a été exécutée en 1809, sur les dessins de MM. Percier et Fontaine. C’est un travail du plus-grand mérite.

Plusieurs chapelles entouraient la basilique de Notre-Dame ; celles de Saint-Étienne, de Saint-Jean-Baptiste surnommé le Rond, de Saint-Denis-du-Pas, ainsi nommée parce qu’elle était séparée de la cathédrale par un étroit sentier. Saint-Jean-le-Rond et Saint-Denis-du-Pas traversèrent presque toute notre histoire. Le premier de ces oratoires fut démoli en 1748, le second en 1813.

Notre-Dame (parvis).

Situé au-devant de l’église Notre-Dame, et circonscrit par les maisons des rues Saint-Christophe et du cloître Notre-Dame, et par les bâtiments de l’Hôtel-Dieu et de l’administration des hospices. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Le nom de Parvis dérive sans doute du mot Paradisus (Paradis), expression autrefois en usage pour indiquer l’aire ou place qu’on voyait devant les basiliques. Dans une grande maison du Parvis Notre-Dame se tenaient les écoles publiques avant l’établissement des colléges et de l’université. L’évêque avait également sur cette place une échelle patibulaire. Ce fut au Parvis Notre-Dame, que Bérenger et Étienne, cardinaux et légats du pape Urbain V, firent dresser le 11 mars 1314, un échafaud sur lequel montèrent Jacques Molay, grand-maître des Templiers, le maître de Normandie et deux autres frères. Lecture faite des crimes qu’on imputait à leur ordre, l’on prononça la sentence qui condamnait les accusés à une prison perpétuelle. Sommé par le légat de confirmer les aveux qu’il avait faits à Poitiers, Jacques de Molay s’avança sur le bord de l’échafaud et fit à haute voix une rétractation à laquelle adhéra le grand-maître de Normandie. Ils furent conduits le soir même à l’île aux Bureaux (aujourd’hui place Dauphine), et le bûcher consuma ces illustres victimes.

Le Parvis Notre-Dame a été successivement agrandi, principalement en 1748, époque de la suppression de la rue de la Huchette en la Cité, et de la démolition de l’église Saint-Christophe. — « 22 avril 1769. La place étant au-devant de l’église métropolitaine sera achevée et élargie du côté de l’Hôtel-Dieu, comme elle l’est du côté opposé ; en conséquence, la chapelle et les portions de bâtiments du dit Hôtel-Dieu, qui occupent l’emplacement à ce nécessaire, seront démolies, et sera construit un nouveau bâtiment dans une disposition symétrique avec l’hôpital des Enfants-Trouvés, pour donner en même temps à la rue Notre-Dame la largeur convenable. » (Extrait des lettres-patentes). — Cette amélioration ne fut pas alors exécutée. — Dans sa séance du primidi 21 brumaire an II, le conseil général de la commune arrêta que le Parvis Notre-Dame se nommerait désormais Parvis de la Raison. — Une décision ministérielle du 11 vendémiaire an XII, signée Chaptal, a déterminé l’alignement du Parvis Notre-Dame. — D’après les dispositions alors arrêtées, les bâtiments de l’Hôtel-Dieu auraient dû subir un retranchement plus considérable que celui qu’ils ont éprouvé quelques années après. Les constructions dépendant de l’administration des hospices sont alignées. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Notre-Dame (pont).

Situé entre les quais Le Peletier, de Gesvres, Napoléon et Desaix.

Avant 1313, on voyait à peu près en cet endroit un pont de bois qui servait de communication à des moulins construits sur la Seine. On le nommait anciennement pont de la Planche-Mibray. Il devait cette dénomination à une rue qui existe encore et qui commence à l’extrémité septentrionale du pont Notre-Dame. Un historien du xive siècle, Réné Macé, moine de Vendôme, dans son poème manuscrit portant pour titre le Bon Prince, parle de l’entrée de l’empereur Charles IV à Paris, et donne au mot Mibray une étymologie qui parait très vraisemblable

« L’empereur vint par la Coutellerie
Jusqu’au carfour nommé la Vannerie,