Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/575

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Le secret des lettres ne tarda pas à être violé. Le ministre Louvois, le premier, se rendit coupable de cette insigne perfidie. Sous le règne de Louis XV, on décachetait avec soin toutes les lettres dont les adresses faisaient soupçonner la relation d’intrigues galantes ou politiques. On en faisait des extraits, et après avoir recacheté les billets, on les envoyait à leur adresse. L’intendant des postes venait tous les dimanches offrir à sa majesté le relevé des infidélités hebdomadaires.

» Le docteur Quesnay, dit madame de Hausset, dans son journal, s’est mis devant moi plusieurs fois en fureur sur cet infâme ministère, comme il l’appeloit. Je ne dinerois pas plus volontiers, disoit-il, avec l’intendant des postes qu’avec le bourreau. »

Le ministre Louvois fit rembourser les offices des maîtres courriers et réunit en une seule administration les divers départements qui percevaient les ports de lettres. Ce fut un nommé Lazare Patin, qui en devint fermier général en 1663, par un bail de onze années que l’on prolongea jusqu’en 1683. L’Assemblée Constituante, par un décret de 1790, supprima les privilèges des maîtres de poste et les remplaça par une indemnité annuelle de 30 livres par cheval, laquelle indemnité ne pouvait être inférieure à la somme de 250 livres, ni dépasser celle de 450, quelle que fut l’importance des relais.

Le service des postes reçut de nombreuses améliorations en 1792. On remplaça d’abord les anciens véhicules lourds, dangereux et incommodes par des voitures suspendues, à deux roues et à trois chevaux ; quarante lignes furent desservies par autant de malles dont l’entretien était à la charge du gouvernement ; quatorze partaient de Paris, les vingt-six autres faisaient le service des départements. Pour indemniser les maîtres de poste de la perte de leurs anciens privilèges, on leur accorda 30 sous par cheval et par poste, au lieu de 25 qu’ils avaient auparavant. On reconnut bientôt l’insuffisance de cette rétribution, et Napoléon, pour rendre meilleure la position des maîtres de poste, frappa en 1805 tout entrepreneur de voitures publiques d’une contribution de 25 c. par poste et par cheval.

D’un tableau comparatif de la marche des malles postes, pendant les années 1814, 1820, 1836 et 1842, il résulte que 22 malles-postes de 1re et de 2e sections, chargées concurremment avec 1500 services par entreprise des dépêches en France, parcourent une distance de 992 postes 1/2. Ce trajet, qui exigeait 1,178 heures en 1814, et 799 en 1829, n’en réclame plus que 610 aujourd’hui ; ce qui produit une accélération de 189 heures, qui équivaut à près de moitié, relativement au parcours de 1814.

Nous terminons cet article par quelques tableaux de statistique qui feront connaître toute l’importance de l’administration des Postes.

En 1663, le 1er bail des Postes produisit 1,200,000 fr.
1683, le 2e 1,800,000
1695, le 4e 2,820,000
1713, le 8e 3,800,000
1764, le 18e 7,113,000
1778, le 24e et dernier 12,000,000
Produits généraux des Postes pendant les années 1821, 1830 et suivantes, jusqu’en 1842 inclusivement.
Exercices Recettes
1821 23,892,698 fr.
1830 33,727,649 fr.
1831 33,340,319 fr.
1832 34,164,604 fr.
1833 35,361,599 fr.
1834 36,171,362 fr.
1835 37,036,468 fr.
1836 37,405,510 fr.
1837 40,382,368 fr.
1838 42,242,870 fr.
1839 44,131,234 fr.
1840 46,105,736 fr.
1841 48,042,439 fr.
1842 48,897,226 fr.
Articles d’argent déposés dans les bureaux de poste pendant les années 1821, 1830, 1834 et suivantes, jusqu’en 1842 inclusivement.
Exercices. Articles d’argent versés
dans les bureaux de poste.
Articles d’argent payés
dans les bureaux de poste.
Nombre des dépôts Montant des dépôts Nombre d’articles d’argent Sommes payées
fr. c. fr. c.
1821 317,642 9,099,296 79 316,842 9,092,642 12
1830 495,468 13,185,942 » 493,873 13,170,882 92
1834 764,417 16,412,924 07 764,906 16,426,712 99
1835 726,553 15,795,336 27 725,305 15,769,263 15
1836 698,378 15,436,797 76 696,340 15,409,496 04
1837 742,365 16,157,871 79 725,594 16,120,281 06
1838 792,036 16,938,923 41 778,474 16,895,744 36
1839 831,164 17,598,026 56 822,880 17,534,140 28
1840 960,175 19,570,120 92 940,002 19,337,283 10
1841 1,143,603 22,076,252 26 1,136,902 22,006,686 82
1842 1,105,959 21,907,641 38 1,107,512 21,953,710 63
Nombre des journaux et imprimés transportés par la poste pendant les années 1821, 1830, 1834 et suivantes, jusqu’en 1842 inclusivement.
Exercices Expédiés de Paris. Originaires des départements. Nés et distrib. dans l’arrond. rural de chaque bureau. Total. Moyenne par jour.
1821 23,209,773 4,618,061 » 27,827,834 76,240
1830 32,334,280 7,422,540 190,050 39,946,875 109,413
1834 37,644,000 11,157,000 485,000 49,286,000 136,905
1835 38,778,675 10,093,250 433,750 49,305,675 136,960
1836 37,871,190 7,844,490 534,350 46,250,030 126,712
1837 40,535,247 9,298,048 643,000 50,376,295 138,017
1838 38,260,110 9,269,090 681,950 48,211,150 132,086
1839 39,176,647 10,176,653 842,641 50,195,941 137,523
1840 41,149,912 10,979,084 835,296 52,964,292 144,711
1841 43,676,012 12,212,892 933,914 56,822,818 155,679
1842 44,554,448 13,066,477 1,124,800 58,745,725 160,947