Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/609

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nostre règne le seizième ; signé Henry. Signé sur le reply, par le roy : de Neufville, à costé visa et scellées sur lacz de soye rouge et verd en cire verte du grand scel. Enregistré, ouy le procureur général du roy à Paris en parlement, le cinquième jour d’aoust, l’an mil six cent cinq. Signé Voisin. » (Archives du royaume, section judiciaire. Ordonnances de Henry IV. 3e volume, XX, fo 284).

La joie du Parisien fut bien vive, lorsqu’il vit s’élever pour remplacer des maisons tristes et malsaines, de superbes habitations, au milieu desquelles on lui avait réservé un espace ouvert à la promenade, au repos, aux doux loisirs. C’était la première fois que la royauté s’occupait avec tant de sollicitude du public.

Sous la régence de Marie de Médicis, en 1612, la place Royale fut le théâtre d’une fête donnée en réjouissance du traité de paix avec l’Espagne. — « La reine, dit M. Bazin, avait commandé au duc de Guise, au duc de Nevers et au comte de Bassompierre, d’être les tenants d’un divertissement en forme de carrousel ou tournoi ; mais seulement pour courir la quintaine et la bague, sans combat d’homme à homme, dont la lice serait dans la place Royale depuis peu bâtie par Henri IV, s’en rapportant, disait-elle, à ces trois seigneurs pour surpasser tout ce que pourraient faire à Madrid les Espagnols. » Le prince de Joinville et le comte de la Châtaigneraie se joignirent aux tenants et arrêtèrent le programme du spectacle. On les appelait Chevaliers de la Gloire. Chargés de la garde du Temple de la Félicité, ils étaient prêts à combattre contre tous ceux qui tenteraient d’y pénétrer. Leur défi était signé : Alcindor, Léontide, Alphée, Lysandre, Argant ; le lieu indiqué, à la place Royale de l’abrégé du monde. Tous les grands seigneurs jeunes, alertes, se disposèrent à se ruiner pour paraître galamment à cette joyeuse solennité. On bâtit sur cette place le palais allégorique. Autour du camp gardé par des soldats, s’élevaient des échafauds dont la hauteur atteignait un premier étage. À côté de l’enceinte quatre estrades avaient été réservées pour le roi et ses sœurs, pour la reine-mère et pour les juges du camp, qui étaient le connétable et quatre maréchaux de France. Les toits des maisons étaient couverts de spectateurs. La foule entassée, se pressait tellement derrière les gardes, qu’il fallut plusieurs heures pour permettre à tous ceux qui remplissaient des rôles, de pénétrer dans l’espace réservé au tournoi. L’équipage des tenants était composé de cinq cents hommes, archers, hérauts, trompettes, estafiers, etc., plus, deux cents chevaux précédant un chariot d’armes, un rocher roulant chargé de musique et un char triomphal dans lequel étaient assises plusieurs divinités qui récitaient des pièces de poésie. Alors s’avancèrent les Chevaliers du Soleil, conduits par le prince de Conti sous le nom d’Aristée ; puis les Chevaliers du Lys, suivant le duc de Vendôme ; les deux Amadis, représentés par le comte d’Ayen et le baron d’Uxelles ; le Percée Français, sous les traits de Henri de Montmorency, fils du connétable ; le duc de Retz à la tête des Chevaliers de la Fidélité ; le duc de Longueville s’annonçant Chevalier du Phénix ; les quatre Vents, réduits à trois par suite de la mort du sieur de Baligny, tué en duel ; ensuite sous le nom et l’habit des Nymphes de Diane, apparurent quatre jeunes seigneurs qui furent depuis maréchaux de France ; le marquis de Rosny ; deux Chevaliers de l’Univers ; et enfin neuf illustres Romains. Tous ces acteurs, parmi lesquels figuraient les descendants des plus belles familles de France, portaient des costumes éblouissants de dorures et de diamants. Chaque groupe, à son entrée, faisait le tour de l’enceinte, puis se rangeait de côté, et chaque assaillant choisissait un des tenants pour courir après lui la quintaine et disputer le prix. On porte à quatre-vingt mille le nombre des spectateurs réunis dans la place Royale et dans ses abords. Deux mille personnes figuraient dans les diverses troupes et plus de mille chevaux caracolaient dans l’enceinte. On vit passer plus de vingt grandes machines sans compter les géants, les éléphants, les rhinocéros et un monstre marin. Quarante-sept assaillants, chevaliers de toute espèce, Vents, Nymphes et Romains, s’étaient mesurés avec les cinq tenants à qui briserait avec plus d’adresse une lance sur le poteau placé au bout de la lice. Des prix évalués à 400 pistoles avaient été remportés par les vainqueurs de chaque course. Le lendemain soir, un grand feu d’artifice éclaira le palais de la Fidélité. Le troisième jour fut destiné à la course de la bague. Après trois épreuves, cinq chevaliers se trouvèrent égaux, et la partie fut remise à une autre occasion. Le soir, comme on l’avait fait la veille, la cavalcade avec son bruyant attirail, parcourut la ville à la lueur de mille flambeaux qui mirent le feu à deux maisons. Ainsi finit la fête.

Sous le ministère de Richelieu, la place Royale reçut un nouvel embellissement. Le 27 novembre 1639, le cardinal fit poser solennellement au milieu de cette place la statue équestre de Louis XIII. Cette statue était en bronze, et sur le piédestal en marbre blanc on lisait cette inscription :

« À la glorieuse et immortelle mémoire du très grand et très invincible Louis-le-Juste, treizième du nom, roi de France et de Navarre, Armand, cardinal et duc de Richelieu, son premier ministre dans tous ses illustres et généreux desseins, comblé d’honneurs et de bienfaits par un si bon maître, lui a fait élever cette statue en témoignage de son zèle, de son obéissance et de sa fidélité. 1639. »

Cette statue était remarquable. Le cheval, ouvrage du célèbre Daniel Ricciarelli, disciple de Michel Ange, passait pour une œuvre merveilleusement belle.

La place Royale devint bientôt le rendez-vous de la noblesse et des plus jolies courtisanes. Là, demeurait la belle Marion-Delorme, et tout à côté se trouvait l’hôtel de Ninon de l’Enclos.

Arrêt du conseil (18 avril 1082.) — « Le roy ayant