Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
257
LA RACE

étaient des aryens[1], tandis que les antisémites antichrétiens considèrent le Galiléen et les nabis comme de condamnables et inférieurs sémites.

Ce que nous savons de l’histoire des nations antiques et modernes, nous autorise-t-il à accepter pour réelle cette rivalité, cette lutte, cette opposition instinctive de la race aryenne et de la race sémitique ? En aucune façon, puisque sémites et aryens se sont mêlés d’une façon continuelle et que l’apport sémitique dans toutes les civilisations dites aryennes est considérable. Dix siècles avant l’ère chrétienne, les villes phéniciennes de la Méditerranée envoyèrent leurs émigrés dans les îles et successivement, après avoir fondé des cités qui couvrirent le côté nord de l’Afrique depuis Hadrumète et Carthage jusqu’aux îles Canaries, elles colonisèrent la Grèce que les envahisseurs aryens trouvèrent peuplée d’aborigènes jaunes et de colons sémites, à tel point qu’Athènes fut une ville toute sémitique. Il en fut de même en Italie, en Espagne, en France où les Phéniciens navigateurs fondèrent Nîmes, par exemple, comme ils avaient fondé Thèbes en Béotie, et vinrent à Marseille de même qu’ils atterrirent en Afrique. Ces éléments divers s’amalgamèrent plus tard, et ils s’harmonisèrent par l’effet du climat, du milieu mental,

  1. Cette théorie, qui a cet immense avantage de ne reposer sur aucun fondement, est née en Allemagne, et de là est passée en France et en Belgique. M. de Biez et M. Edmond Picard l’ont tour à tour soutenue ; mais ils n’ont étayé leurs assertions d’aucune preuve, même illusoire. (Voir Antisemiten-Spiegel, p. 132 et seq. Danzig, 1892.)