Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/302

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Français, que des Anglais actuels. Un moment, au début du Moyen Âge, le Juif fut en effet supérieur ; parce qu’il arriva au milieu de barbares enfants, lui l’héritier d’une civilisation déjà vieille, en possession d’une littérature, d’une philosophie, et surtout d’une expérience qui dut lui conférer un avantage. Il perdit cette supériorité, et au quatorzième siècle même il devint d’une culture inférieure à la culture générale de ceux dont la classe correspondait à la sienne ; mais il garda précieusement l’idée de sa suprématie, il continua à regarder avec dédain, avec mépris, tous ceux qui étaient étrangers à sa Loi. Son livre, le Talmud, animé d’un patriotisme étroit et farouche, le lui enseignait d’ailleurs. On a accusé ce livre d’être antisocial, et il y a du vrai dans cette accusation ; on a prétendu qu’il était l’œuvre légale et morale la plus abominable, et là on s’est trompé, car il n’est ni plus ni moins abominable que tous les codes particularistes et nationaux. S’il est antisocial, c’est en ce sens qu’il représenta, et qu’il représente, un esprit différent de celui des lois en vigueur dans les pays où les Juifs habitèrent, et que les Juifs voulurent suivre leur code avant de suivre celui auquel tout membre de la société était assujetti, et encore ne fut-il et n’est-il antisocial que relativement, la loi n’ayant pas toujours été uniforme, ni la coutume invariable dans toutes les parties des États. A un moment de l’histoire il parut fatalement antihumain, puisque, alors que tout changeait, il restait immuable. Les antisémites chrétiens en ont montré