Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/359

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J’ai donc très brièvement esquissé l’histoire révolutionnaire des Juifs, ou du moins ai-je tenté d’indiquer comment on pourrait l’entreprendre ; j’ai fait voir comment ils procédèrent idéologiquement et activement, comment ils furent de ceux qui préparent la révolution par la pensée, et de ceux qui la traduisent en acte. On m’objectera qu’en devenant révolutionnaire, le Juif devient le plus souvent athée et qu’ainsi il cesse d’être juif. Ce n’est que d’une certaine façon, en ce sens surtout que les enfants du Juif révolutionnaire se fondent dans la population qui les entoure, et que, par conséquent, les Juifs révolutionnaires s’assimilent plus facilement ; mais en général les Juifs, même révolutionnaires, ont gardé l’esprit juif, et s’ils ont abandonné toute religion et toute foi, ils n’en ont pas moins subi, ataviquement et éducativement, l’influence nationale juive. Cela est surtout vrai pour les révolutionnaires israélites qui vécurent dans la première moitié de ce siècle, et dont Henri Heine et Karl Marx nous offrent deux bons modèles.

Heine, que l’on considéra en France comme un Allemand, et à qui en Allemagne, on reprocha d’être Français, fut avant tout Juif. C’est parce qu’il

    fêté l’anniversaire de la fondation de leur club de Berner Street. « Depuis sept ans, déclara l’orateur qui fit l’historique du mouvement social juif, les révolutionnaires juifs ont paru, et partout où il y a des Juifs, à Londres, en Amérique, en Australie, en Pologne et en Russie, il y a des Juifs révoltés et anarchistes. » (En parlant de sept ans, il veut surtout parler de la date d’entrée des prolétaires juifs dans le mouvement révolutionnaire.)