Page:Lazare - Le Nationalisme juif, 1898.djvu/17

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que feront les incroyants qui ne se résigneront jamais à la palinodie, ils sentiront plus fortement qu’ils seront libres, eux, individus, quand la collectivité à laquelle ils appartiennent sera libre, quand cette nation sans territoire qu’est la nation juive, aura un sol et pourra sans contrainte disposer d’elle.

Ce sont là vos chères idées, à vous tous qui m’avez fait l’honneur de m’appeler parmi vous, vos chères idées et votre cher idéal. Vous avez raison, vous vous grandissez vous-mêmes, vous élargissez votre esprit et votre cœur. Vous voulez être vous-mêmes, est-il rien de plus légitime et de plus haut ? Et vous avez cela de beau aussi, c’est que vous avez la conscience de ne pas travailler pour vous. Vous n’êtes pas les ouvriers d’aujourd’hui, mais les ouvriers de l’avenir. C’est pour cela que j’ai été heureux de vous apporter ma sympathie et ma fraternité. Mais en finissant, il me reste encore ceci à vous dire : N’oubliez jamais que vous avez été le peuple qui a introduit, comme l’a dit Renan, la justice dans le monde, et faites-vous pardonner d’avoir donné un dieu aux hommes, en étant toujours les soldats de la justice et de la fraternité humaine.

Bernard LAZARE.








Paris. — Impr. A. Reiff, 3, rue du Four.