Page:Le Koran (traduction de Kazimirski).djvu/569

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culte mahométan fut mis en contact avec le christianisme et le judaïsme, on arriva à affirmer que le Koran, révélation directe de Dieu et sa parole, était une chose coéternelle à Dieu, que le Koran n’était pas créé ; Ce qui évidemment résulte de la confusion du mot kelamoullah, parole de Dieu, prise pour le Verbe de Dieu.

Le Koran tel que nous le possédons est la reproduction aussi fidèle que possible de l’exemplaire original qui avait été confié par le premier khalife Aboubekr à la garde de Hafsa, fille d’Omar et veuve de Mahomet. Dans une bataille sanglante livrée à Akraba, au faux prophète Moçaïlama, dans l’année même de la mort de Mahomet, plus de six cents compagnons (Ashab) de Mahomet furent tués ; dans ce nombre se trouvaient des kourra, lecteurs du Koran, et des hamalatoul Kor’an (porteurs du Koran), qui savaient le livre sacré par cœur, non-seulement pour l’avoir lu, mais pour l’avoir entendu de la bouche de Mahomet. Dans la crainte que le livre sacré ne se perdît, Aboubekr nomma une assemblée composée des kourra, et des ashab survivants les plus instruits qui recueillirent tous les fragments du livre et en formèrent un ensemble. Cette réunion de portions éparses du Koran porte évidemment les traces d’une main autre que celle de Mahomet ; l’ordre chronologique des révélations n’y est nullement observé ; les chapitres postérieurs se rapportent au commencement de la mission de Mahomet (Voy. ch. XCVI, CXI.). Il y en a d’autres dont l’époque est fixée par les événements même auxquels il y est fait allusion, chap. IX, XXXIII ; le passage V, 5, où Mahomet parle de l’achèvement de sa mission, est rapporté au pèlerinage d’adieu qui eut lieu l’année même de sa mort. Il semblerait donc que le Koran n’existait pas du temps de Mahomet comme livre, comme un tout, et cependant Mahomet lui-même le nomme ainsi (II, 21, IX, 65, 87, 125, 128 ; XXIV, 1, XLVII, 22) ; et dans le ch. X, 12, il est parlé du Koran et des chapitres comme d’un tout et d’une partie, ce qui ferait supposer que Mahomet y avait déjà introduit quelque ordre. Ce n’est pas ici le lieu de s’étendre dans l’appréciation de la valeur du Koran soit comme système religieux, soit comme code sacré, source de toute législation chez les mahométans, soit enfin comme production de l’esprit qui puisse entrer en parallèle avec les Écritures de l’Ancien ou du Nouveau-Testament, ou avec les livres sacrés des autres peuples. Selon les Arabes musulmans, c’est, sous le rapport du langage, l’œuvre la plus belle qu’il y ait jamais eu ; Mais cette thèse n’a pas manqué de trouver des contradicteurs : les Wahabites, secte née dans le siècle passé, ont résolument affirmé qu’on pouvait créer quelque chose de plus parfait. Résumons en peu de mots les principes fondamentaux de l’islam : unité absolue de Dieu, point de Trinité, point de Fils de Dieu ; le Saint-Esprit, c’est l’ange Gabriel ; les anges sont des messagers de Dieu, et ils mourront un jour