Inutile de dire que nous avions fait disparaître la trace de notre sacrilège. Le fossoyeur n’avait pas ratissé le sable bénit avec un soin plus scrupuleux.
La femme dont nous avions, malgré nous, troublé le repos sacré, paraissait jeune encore et gardait, sous la pâleur effrayante de la mort, les traces d’une beauté frappante. Elle portait au doigt un anneau d’une grande valeur, un large cercle d’or fin où l’artiste avait incrusté une guirlande de petits diamants.
Que faire de cet anneau ? Notre honnêteté était déjà proverbiale, et nulle pensée mauvaise ne vint à notre esprit. Nous résolûmes de le vendre et d’en rendre la valeur à la défunte, sous forme de messes basses. Plus tard, Noé Bergeron qui ne ménageait pas les écus de son père, un riche marchand des environs de Montréal, racheta le bijou et le serra, soigneusement enveloppé dans une touffe de ouate blanche. Il le destinait au doigt mignon d’une adorable créature qu’il ne connaissait encore qu’en rêve.