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LE RÉVEILLON

Pauvre étoile qu’ils n’ont su ni reconnaître ni comprendre.

Le vieux Gaspard dégustait son thé noir avec un plaisir… Comment dirai-je pour être neuf ?… un plaisir capitonné de sensualité ! Le léger tremblement de ses doigts agitait, tel un souffle, l’aromatique liqueur dans le bol de faïence.

— Ça réveille, fit-il, ça dessille les paupières, et le cœur monte au ciel par les yeux… comme aussi par les yeux il descend vers la fange.

— D’où lui vient ce langage élevé demandai-je à un voisin ?

Brutalement, comme pour faire contraste, le voisin grossier :

Il s’est usé le « dessous » sur les bancs du Collège de l’Assomption, comme il s’est usé le « dessus » sur les étoiles de là-haut.

Je devinai un martyr de la pensée.

— Quand vous aurez vidé votre tasse et mangé votre côtelette, père Gaspard, vous nous raconterez, n’est-ce pas, comment l’étoile des mages vous a guidé une