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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/417

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LE RÉVEILLON

au catéchisme des Rois. C’était le voyage de Gaspard, Melchior et Balthasar, les trois princes orientaux qui avaient apporté de leurs provinces fortunées de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Et parmi ces princes, je voyais toujours Gaspard, le premier, le plus grand, le plus richement vêtu, et tout à fait semblable à mon père, avec ses épaules larges et légèrement voûtées, son regard doux où s’allumaient des éclairs, et sa barbe longue tombant sur sa poitrine en blanches ondulations.

J’attendais la Noël prochaine avec une vive anxiété, et quand tomba la première neige, je compris que le ciel couvrait d’un tapis d’argent la terre où devait reposer le Messie. Je comptais les jours qui me séparaient de la grande solennité, et je les voyais s’égrener comme les « Ave » de mon chapelet.

Vinrent les Avents, avec leurs grands appels mystiques, presque douloureux, et leurs dolentes prières. Je me sentais