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LE BAISER FATAL

pauvre simple. Elle était partie depuis deux jours, et l’on avait peur de la trouver morte quelque part. Célestin lui dit qu’elle n’était pas venue. Mais un petit garçon du voisinage affirma l’avoir aperçue, au coucher du soleil, sur le haut de la falaise. Elle était assise sous un arbre. Il l’avait bien reconnue, à son chapeau de paille grand comme un parapluie, et à sa robe blanche comme un surplis de curé.

Trefflé avait peine à croire qu’elle ne fut pas entrée dans la maison de Célestin. Il ne savait pas qu’on avait peur d’elle maintenant, et qu’on la tenait à distance. Célestin ne voulait pas lui dire que sa femme se montrait jalouse et la recevait mal, crainte de le chagriner ou d’être obligé de parler trop. Il ne voulait pas tout dire.

Une femme se hâta de supposer qu’elle pouvait bien se précipiter du haut du cap. Elle devait être fatiguée de la vie. Et puis, elle ne savait plus qu’il faut prendre soin de son existence, même quand c’est