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ÉVANGÉLINE

Ce toit était celui d’un Pâtre déjà vieux.
Un jardin l’entourait, fleuri, luxurieux,
Et parfumant les airs de suaves arômes.
Derrière le jardin se déroulaient les chaumes,
Et les champs veloutés, et les sombres forêts.
La maison était faite en beau bois de cyprès :
Des poteaux élégants portaient la galerie ;
Et la vigne légère, et la rose fleurie,
Que venait caresser l’oiseau-mouche coquet,
Ornait chaque poteau d’un odorant bouquet.
Au bout de la maison du pâtre solitaire,
Parmi l’épais feuillage et les fleurs du parterre,
Étaient la ruche active et le doux colombier,
L’abeille travailleuse et l’amoureux ramier.


Ces lieux étaient plongés dans un calme sublime.
Les rayons du soleil reluisaient sur la cime
Des arbres orgueilleux qui frangeaient l’horizon ;
Mais les ombres déjà planaient sur la maison.
La fumée, en sortant des hautes cheminées,
Semait d’orbes d’azur, de vagues satinées,
L’air tranquille du soir, le ciel sombre et serein.
Derrière la maison, et partant du jardin,
Un sentier conduisait aux grands bosquets de chêne
Qui semblaient un rideau d’émeraude et d’ébène.
Plus loin que la rivière, au fond du vaste champ
Où flottaient les regards du beau soleil couchant,
Les arbres inondés de lumières lointaines,
Immobiles, debout dans ces tranquilles plaines,