Page:LeMay - Essais poétiques, 1865.djvu/97

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Son chant mélodieux comme un soupir de flûte,
Ondula, sous les bois, comme l’onde qui lutte
Contre les chauds baisers des brises du matin,
Et, d’échos en échos, mourut dans le lointain.

L’aube du jour suivant fut sereine el riante ;
Chaque herbe du jardin sur sa tige pliante,

Goutte à goutte versa des pleurs silencieux ;

Et chaque fleur oignit son front délicieux

Avec les frais parfums de sa coupe d’albâtre.

Le prêtre sur le seuil de la maison du pâtre

Dit à ceux qui partaient : « Mes bons amis, adieu !

« Je vais, priant pour vous, vous atlendre en ce lieu.
« Ramenez-nous bientôt le prodigue frivole ;

« Ramenez-nous aussi la jeune vierge folle

« Qui dormait sous les bois quand l’époux est venu. »
— Adieu ! mon père, adieu ! dit d’un air ingénu,
Au bon père Félix, la vierge humble et débile ;
Puis elle descendit, avec le vieux Basile,

Au bord de la rivière où plusieurs canotiers

Les attendaient assis sous d’épais noisetiers.

Ils partirent. L’espoir encourageait leur âme.

Le matin rayonnait au fond de chaque lame.

Docile aux avirons, le rapide canot

S’éloigna du rivage et disparut bientôt.

Ils poursuivaient en vain, dans leur course obstinée,
Celui que devant eux chassait la destinée,

Comme une feuille morte au milieu des déserts,

Comme un duvet d’oiseau dans le vague des airs !