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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/170

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l’affaire sougraine

ne sont pas plus que lui. Il fallait éblouir les gens, faire parler de soi. On paierait avec les jobs du gouvernement. Quand on a pour gendre un ministre, on peut bien avoir sa part de la curée. Il souriait en songeant à l’étonnement des naïfs qui l’avaient vu battre le pavé jadis et qui n’avaient pas su faire leur chemin… Vilbertin fournirait l’argent. Ce diable de notaire, il en avait bien de l’argent… Il aurait sa part du gâteau, il entrerait dans la société. Il le savait et comptait là-dessus. Il n’avait pas une fille à jeter en pâture à une des sommités du monde politique, lui, pour en obtenir des faveurs, mais il possédait des pièces d’or et cela valait autant.

Madame D’Aucheron, qui n’était pas moins vaniteuse que son mari, approuva en tous points les projets nouveaux qu’on faisait miroiter à ses yeux, et se chargea de choisir un ameublement digne de la nouvelle demeure.

Il y a, comme cela, des gens qui ne voient jamais le revers de la médaille, et, quand ils achètent, ils n’ont pas l’air de se douter qu’il faudra payer. Ils ne veulent pas que leur plaisir soit gâté par une pensée triste.