Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

bardie. Ces arbres droits et hauts semblent des sentinelles autour de la maison, qu’ils ombragent. C’est alors que la voix sévère du contre-maître se fait entendre, appelant le pendard de Djos qui se lève comme s’il était piqué d’une guèpe.

Le vent soufflait avec fureur. La mer houleuse déferlait avec un bruit solennel sur le rivage. Les bancs de roches qui s’élèvent chez nous au bord du chenal, comme une grappe de raisin au bord d’une coupe, étaient entourés par le flux débordant, et se noyaient peu à peu.

— Ramez fort ! criait le chef, ramez fort ! ou nous sommes perdus !… Vous voyez bien que nous allons sur les roches !…

Et les cinquante rameurs, courbés sur les rame, étaient tout en sueur malgré la fraîcheur du vent. Ils réussirent à tenir le large pendant quelque temps : mais quand le fleuve eut jeté sur les battures de cailloux sa nappe agitée, le courant se dirigea vers la terre, et la cage passant au sud de l’islet, vint s’échouer au rivage, près du ruisseau des Chel, en haut du Domaine.