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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

nieusement sur le sol qu’il ne touchait que du pied. Pour lui, plus de printemps nouveaux avec de nouvelles draperies ; plus de nids harmonieux dans ses feuillages ; plus de gémissements avec les tempêtes ; plus de murmures avec la brise du matin : il est mort ! Et toujours les coups de la hache retentissent ! Et toujours des arbres craquent, penchent et s’affaissent ! Et toujours ces mille bruits sont répétés par mille échos.

Picounoc se vantait d’être le meilleur bûcheux.

Quand un arbre est tombé, le bûcheron s’éloigne satisfait, et cherche une autre victime. Alors vient l’ébotteur qui dépouille le cadavre des atours qu’il portait naguère avec tant d’orgueil, et compte le nombre de billots que donnera l’arbre dénudé. Les uns après les autres se détachent du tronc les rameaux verts du pin ou les branches arides du chêne.

Tintaine et Fourgon passent pour les meilleurs ébotteurs du chantier.

Vient ensuite, armée de godendards, la troupe des scieurs. C’est elle qui coupe, en faisant chanter l’acier de son immense scie, l’écorce rugueuse, l’aubier tendre et le cœur dur du