Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

entrait dans l’eau jusqu’aux genoux pour atteindre la rame qu’on avait jetée en guise de passerelle.

— Quelle est cette enfant ? Où l’as-tu prise ? Pourquoi l’apportes-tu ici ?… dit-il avec mauvaise humeur et volubilité.

Le pauvre muet regardait le contre-maître en marchant sur la rame étroite avec son doux fardeau. Le contre-maître allait ajouter avec un blasphème : Mais parle donc ! il se souvint tout-à-coup que Djos ne parlait plus depuis environ six mois.

Chacun se presse autour du muet pour voir l’enfant.

— Oh ! mille noms ! quelle est belle ! dit l’un.

— Comme elle est blessée ! dit l’autre…

Pulchra es, dit l’ex-élève, allongeant le cou pour regarder par dessus l’épaule de Picounoc, sed macula est in le !…

— Tais-toi donc, imbécile, avec ton latin !

— Si tu savais cette belle langue, Picounoc, tu ne voudrais jamais parler l’iroquois comme tu le fais !

Le muet tâche d’expliquer, par des signes,