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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Le muet riait de la méprise de la vieille, et, dans un coin du hangard humide, les trois hommes tremblaient en gardant un profond silence. Tout à coup une voix sonore retentit : Batiscan ! la mère, es-tu folle ? Qu’est-ce que tu chantes-là ?

— La vieille se sent rajeunir de vingt ans. Elle pousse un soupir de satisfaction, et la crainte qui l’oppressait s’envole.

— Charlot, dit-elle, d’une voix qu’elle tâche de rendre caressante, mon coquin, comme tu m’as fait peur !…

La porte s’ouvre et Charlot entre. Il était l’un des canotiers qui arrivaient du Cap Rouge. Robert, son compagnon, le suit. Le muet entre derrière eux.

— Tiens ! dit Charlot en montrant le muet, notre homme !

— Je ne le reconnaîtrais pas, répond Robert, s’il n’avait encore cette enfant qu’il emporte je ne sais où.

La mère Labourique regarde, d’un air étonné, le jeune homme et l’enfant : Mais Dieu me pardonne ! repart-elle après un moment, c’est Djos ! Et cette petite fille ? où as-tu pris ça ? Enlèves-