Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

recueillir quelque profit, comme ils ne seraient pas lents à me tuer.

Il pensait à la voix fraîche de Noémie, à son doux sourire, à l’éclat de ses prunelles, et cette pensée le ranimait comme un rayon de soleil ranime la fleur qui s’étiole, et les angoisses de son âme devenaient moins amères.

— Ils doivent être partis maintenant, se dit-il, le jour va bientôt venir.

À l’instant où il fait cette réflexion, une voiture s’arrête sur le chemin vis-à-vis la grosse roche, à une distance de quatre arpents environ. Il a un vif espoir. Il pousse du gosier un cri, ou plutôt un râle puissant qui est répété par l’écho des granges voisines. Des pas viennent vers lui. Il fait un nouveau cri. Les pas se pressent davantage : on court. Une troisième fois il pousse la même clameur particulière aux muets. Il entend rire. Une sueur froide mouille ses membres tremblants. Il a reconnu les voleurs.

— Eh bien ! l’ami, dit le charlatan en le touchant du bout du pied, as-tu fait de beaux rêves sur ta couche de gazon ? La belle Noémie est-elle venue, comme un ange d’amour, veiller sur ton sommeil ?