Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/279

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à Dame Justice de prendre sa cause en main, et de chercher le coupable. En débarquant il se dirigea vers la place du marché afin de questionner les habitants qui se trouvaient là réunis de toutes les paroisses. Le charlatan, monté sur son tréteau, versait les flots de son éloquence sur la foule ébahie. Quand il aperçoit Asselin, il s’arrête, descend, perce le cercle de curieux qui l’enveloppe et va droit à lui.

— Monsieur Asselin, j’ai l’honneur de vous serrer la main : je sais votre malheur, je partage votre chagrin, et je suis prêt à vous aider de mes conseils et de mes services, dit-il de sa voix flûtée, au cultivateur ému de tant de courtoisie.

— Merci, répond Asselin, vous avez trop de bonté.

— Pas du tout !… Tenez !… je n’y vais pas par quatre chemins : croyez-vous aux cartes ?

— Dame ! il y a de drôles d’adons parfois.

— Venez avec moi : Messieurs, dit-il, remontant sur sa boîte, je reviendrai tantôt par condescendance pour vous, et par charité pour mes semblables qui souffrent, vous distribuer