Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/297

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s’arrêta soudain, et ne put se défendre d’un mouvement de surprise et de peur, en le voyant si mal vêtu et l’air si souffrant. Cependant elle eut l’idée qu’il pouvait être un pèlerin, et elle lui demanda ce qu’il voulait. Le muet fit signe qu’il ne parlait pas et qu’il avait faim. Alors la femme ouvrit l’armoire, prit le pain enveloppé dans la nappe et le mit sur la table, après avoir étendu la toile blanche ; puis, se penchant dans une fenêtre, elle dit à une fille qui se trouvait dehors près de la laiterie :

— Geneviève, apportez donc du lait et du sucre.

La fille entre portant une terrine de lait à la crème. Le muet recule d’étonnement. Mais quand il voit une charmante petite fille s’avancer, tenant joyeusement dans ses bras un pain de sucre d’érable, il pousse ce cri particulier qui lui échappe dans les angoisses ou les joies profondes, il ouvre les bras, saisit l’enfant et la couvre de baisers. C’était la petite Marie-Louise ! c’était sa sœur ! L’enfant jette un cri. Geneviève a peur.

— Laissez-la, dit-elle, laissez-la !