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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

d’eau, car il a plu la veille, et l’eau gît par flaques grisâtres, dans les ornières du chemin mal entretenu. Son livre s’ouvre en touchant le sol, et les feuilles en restent souillées de vase ; son chapeau vole au vent et tourne comme une roulette jusques au loin. Tous se mettent à rire, tous excepté la petite Noémie Bélanger qui dit à son camarade Ferron : Comme tu es méchant !

Celui-ci se moquant d’elle :

— Regardez-la donc ! regardez-la donc crie-il aux autres : elle prend la défense de Joseph : c’est signe de quelque chose !

Joseph se lève, examine à travers ses larmes ses habits gâtés ; ramasse son A b c tombé dans la boue, en essuie de ses doigts les feuilles humides, et court vers son chapeau qui s’est arrêté entre deux perches de clôture. La mère Lozet qui jase encore avec la Gagnon crie au petit Perron : Je le dirai à ton père, va !

Ferron, sans se retourner, fait un profond salut. La mère Lozet ne lui vit pas le visage.