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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Pourquoi n’es-tu pas venu pour la prière ? demande le maître d’un ton irrité.

L’enfant baisse la tête et ne répond pas.

— Viens te mettre à genoux ici ! Il montre de sa règle le milieu de la salle. L’orphelin obéit.

— Comment, malpropre, oses-tu venir à l’école dans un pareil état… Et ton livre ?… ton ardoise ?… Ah ! je vais avertir l’oncle, et… mais c’est aussi mon devoir de te corriger : Viens ici !

L’enfant se lève et se met à pleurer :

— Ce n’est pas ma faute ! dit-il, ce n’est pas ma faute !

— C’est Clodomir Ferron, monsieur le maître, qui l’a jeté dans la vase ! murmure une voix douce et tremblante. C’est encore la voix sympathique de la petite Noémie Bélanger.

— Tais-toi ! qui te demande de parler ? Qui te permet ?… Baise la terre ! crie le maître brutal.

La naïve enfant touche de ses lèvres de rose le plancher sali. L’orphelin se risque à dire.

— Oui, monsieur le maître, c’est Clodomir qui m’a fait tomber dans la boue.