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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

est éveillé. Cela lui donne le frisson. Il se frotte les yeux, s’éveille mieux et comprend vite qu’il ne fait point un rêve, car au même instant, la voix de sa tante Eusèbe perce les lambris de la grange.

— Il est ici, dit-elle, il est ici !… sur le fenil ! je viens d’entendre remuer le foin !

Joseph ne bouge plus ; la peur le paralyse. Il a pourtant quelqu’espoir, car il s’est, par prudence, enfoncé loin sous les bottes de foin, et il connaît parfaitement les êtres de la bâtisse. S’il se voit découvert, il peut, alerte et vif, se glisser le long de la couverture ou sous les poutrelles, par les nombreux dédales qu’il a percés dans le foin avec ses compagnons de jeux. Asselin monte sur le grenier de l’étable. Il écoute : Nul bruit ne se fait entendre, sauf le ruminement continuel des bêtes à cornes pensives dans leurs parcs étroits, et le piétinement des chevaux. Il se ravise et dit à sa femme : Va chercher les voisins, je vais faire le guet ; il ne nous échappera pas.

La position devient périlleuse pour l’enfant. La femme sort. Il se fait un grand silence sous le toit de la grange. L’homme songe au châtiment qu’il infligera à l’enfant, l’enfant