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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Non ; mais Lucette y était.

— Quelle Lucette ?

— La mienne, ma fille.

D’un autre côté une voix de baryton raconte :

— Si vous aviez vu cet effrayant visage de mort comme je l’ai vu, moi ! Ah ! j’en frissonne encore. Si vous aviez vu ces grands yeux ouverts et pleins de sang ! cette bouche !…

— J’ai vu cela ! j’ai tout vu ! reprend vivement Françoise Toutoune, et je n’ai pas pu dormir depuis ce temps-là. Il me semble que la main crispée qui tenait la misérable femme va me saisir le bras à moi aussi : j’aurais voulu ne pas voir.

— Je suis surprise que cette femme ne soit pas morte de peur, dit une jeune fille. La voix de baryton réplique : Elle n’en vaut pas mieux, la chère créature ! Elle n’a plus la tête à elle.

— On pourrait bien l’inquiéter, glapit la voix stridente, on voit qu’elle était complice.

— Elle va laisser la paroisse ; c’est un bon débarras.

— Oui ?

— Je vous le donne pour certain. Dieu ! qu’elle a maltraité l’orpheline !