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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Ah ! pardon ! si j’ai mal parlé de ces messieurs ! Mais, je souffre tant.

— Il va le guérir !… c’est un docteur !… murmurent entre elles les femmes du bateau.

Et chacun pousse son voisin du coude et de l’épaule pour se faire place auprès des pavois, afin de bien voir ce qui va se passer.

— Montrez-moi votre main, dit le docteur à barbe rouge.

Le vieillard tend sa main décharnée. Les doigts ne paraissent tenir à cette main que par l’épiderme. L’un de ceux qui sont sur le bateau, le maître d’école, fait remarquer à ses voisins que la main n’est pas enflée.

— C’est vrai ! répliquent les voisins ; mais tout de même, il est aisé de se convaincre que cette main n’est pas comme l’autre.

Le docteur prend la main du blessé, la palpe, l’examine de près, fait jouer tous les doigts, les tire, repousse et plie de cent manières, en pressant les jointures. Le vieux malade crie comme un forcené et se tord comme une anguille dans le sel. Les habitants sont dans l’admiration. Le docteur avait une fiole pleine d’une liqueur rouge. L’intérêt redouble. Il