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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

vaine, pas sotte. Elle tiendra de sa mère : une brave femme, vous savez !

— C’est bien vrai cela, mère Lozet, mais cette jeunesse est un peu haute : on dirait une seigneuresse, et pourtant !…

— Ce n’est pas la fierté, elle est faite comme cela : grande, droite, belle taille, bonne mine, que voulez-vous ? Elle jouit des dons que le bon Dieu lui a faits. Il ne faut pas la jalouser.

— Ah ! mère Lozet, soyez sans crainte : le soleil luit pour tout le monde. Que mademoiselle Noémie se marie, cela n’empêchera pas nos filles de rencontrer, quand l’heure sera venue, des partis convenables.

Noémie marche toujours. Elle passe comme la libellule qui fait vibrer, ses ailes de gaze. Quand elle arrive près du groupe d’hommes, elle lève timidement les yeux comme pour chercher quelqu’un, puis elle les reporte bientôt sur le chemin poudreux. Un sourire éclaire sa figure ; une chaste rougeur colore ses joues. Du milieu du groupe un regard est parti, et ce regard a rencontré le sien. Ainsi se rencontrent, à la surface d’une onde limpide, les regards de deux étoiles.