Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/251

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Asselin ne conduisit pas les orphelins chez lui, ce soir-là. Le curé voulut les retenir au presbytère afin de les faire causer et d’apprendre, de leurs bouches, ce qu’ils étaient devenus après avoir laissé la maison de leur tuteur, jusqu’au moment où la protection divine s’était, à leur égard, si visiblement manifestée.

Madame Asselin était d’une humeur insupportable depuis une heure, depuis l’arrivée des orphelins dans la paroisse, et elle refusa durement de prêter à sa petite voisine, Noémie Bélanger, un fer à repasser. Il se trouve des femmes, et des hommes aussi, que le dépit rend bêtes. Madame Bélanger soupçonna bien la cause de l’insolente bouderie de la mégère, quand Noémie, toute étonnée de ce refus inqualifiable, revint sans le fer à repasser.

La jeune fille, en apprenant la guérison de son ami le muet, n’a pu retenir une exclamation de joie. Elle s’est abandonnée aux délices d’une espérance infiniment douce aux âmes aimantes. Tout devient souriant et gai dans son cœur et autour d’elle. Elle éprouve une étrange émotion en songeant à la première entrevue avec Joseph, en cherchant à deviner les paroles qui les premières tomberont de ces