Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/288

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— La tombe du ruisseau ? répétèrent les fumeurs en soufflant une bouffée d’odorante fumée, il faudra voir cela…

Saint Pierre, l’œil fixé sur sa victime, tout entier à la vengeance et plein de la pensée du meurtre, le maître d’école, accroupi sous la voûte humide et basse, tremblant comme un poltron, et s’effrayant des suites de ce crime épouvantable qu’il a préparé de gaieté de cœur, n’ont vu, ni l’un, ni l’autre, la toiture de la cave se courber lentement comme une vague que le vent creuse. Un instant l’affaissement s’arrête : les étais paraissent résister, et la vengeance de Dieu est suspendue. Mais l’explosion de la poudre dans l’arme meurtrière, le choc imprimé à la masse hésitante par le déplacement violent de l’air, font ployer, comme des genoux d’esclave, les supports cotis ; et la voûte de terre reprend, en grondant, sa chute lente mais terrible, implacable comme la fatalité. Les deux brigands poussent une clameur qui retombe sur eux, comme le sang du Christ retomba sur les juifs maudits. Ils s’élancent vers la trappe fermée, au-dessus de leurs têtes. La trappe ne s’ouvre point. Ils lèvent par instinct, leurs bras meurtriers vers le toit qui