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irenna la huronne

Son mocassin fleuri trace une longue raie ;
Elle semble inquiète. À sa hanche serrée,
Une peau l’enveloppe avec un soin jaloux.
Songe-t-elle au plaisir ? songe-t-elle à l’époux ?

Sous le dôme embaumé des résineuses pruches,
S’assemblent, bourdonnant comme feraient des ruches,
Les parents, les vieillards et les chasseurs amis.
Pour la fête chacun, dans son orgueil, a mis
Des colliers à son cou, sur sa tête des plumes.
Cymbales et tamtams, comme un concert d’enclumes,
Font retentir les bois jusques au loin. Le feu
Pour le festin déjà s’allume. Et le ciel bleu
Regarde s’élargir, à travers la ramée,
Le nuage mouvant de l’épaisse fumée.
De sa hutte d’écorce enfin le jongleur sort,
Ounis l’avait prié de conjurer le sort
Et de paraître ensuite au millieu des convives.

Ounis, pour inspirer des tendresses plus vives.
S’est tatoué la face et les bras. Les stylets
Ont ciselé ses chairs de dessins violets.
Sous ces dessins grossiers que le caprice invente,
L’amour a l’air féroce et le rire épouvante,