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les épis

Ou, pour avoir un sou tendent une main sale.
D’autres, un peu plus grands, d’une fierté royale,
Armés d’un arc de frêne et d’un léger carquois,
Semblent chercher encor le féroce Iroquois ;
Car ces jeunes garçons au visage de cuivre,
Ont appris de l’aïeul à détester ce nom.
Et c’est dans ce hameau que nous voyons survivre
Le descendant du vieux Huron.

Comme un phare au milieu de la pauvre bourgade,
Naguère une chapelle, à l’antique façade,
Vers le ciel élevait la croix de son clocher.
En souliers mous, et fiers de leur chemise blanche,
Les hommes s’y rendaient par groupes, le dimanche.
Plus pieuses peut-être on voyait s’approcher,
Même bien avant l’heure où la porte est ouverte,
Les femmes se drapant dans leur sombre couverte.
Avec les flots d’encens et la voix du pasteur,
Bientôt les cœurs émus montaient vers le Seigneur.

Mais hélas ! aujourd’hui le béni sanctuaire
N’est qu’un mûr délabré !
Le sauvage n’a plus son temple tutélaire
Son refuge sacré.