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ironie et prière

Jamais pour votre lit Dieu ne vous a fait prendre
La pierre de votre foyer.

Riches, connaissez-vous le taudis de la ville
Où se cache la pauvreté ?
Avez-vous, en entrant, vu fuir la jeune fille
Honteuse de sa nudité ?
Avez-vous vu l’enfant à la bouche livide
Qui ne mange point au réveil ?
Oh ! vous ne savez pas combien il est avide
Du pain qu’il voit dans son sommeil !

Donnez donc à l’enfant l’obole qu’il réclame,
Pour qu’il ne meure pas de faim.
Donnez un peu de bois à tout foyer sans flamme,
À l’orpheline, un peu de pain.
Relevez sans aigreur une femme qui tombe
Et le bon Dieu vous bénira ;
Et puis, si les heureux évitent votre tombe,
Le pauvre la visitera.