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pater noster

Dans les roses matins et dans les tièdes soirs,
À tous ces mondes d’or qui brillent sur nos têtes,
Comme sur nos autels brillent, aux jours de fêtes,
Les divins ostensoirs.

Dieu, manifestez-vous. Que votre règne arrive !
Les peuples ont besoin de justice et de paix.
Vaisseaux désemparés, ils vont à la dérive ;
L’erreur les a couverts de ses brouillards épais.
Faites luire sur nous votre vérité sainte ;
Réveillez en nos cœurs une amoureuse crainte ;
Que nos fronts prosternés désarment votre main !
Régnez dans le palais, régnez dans la chaumière !
Que le damné d’hier, plein de votre lumière,
Soit le saint de demain !

Que votre volonté soit faite sur la terre !
Père, qu’elle y soit faite ainsi que dans le ciel !
Alors l’homme, plus humble et soumis au mystère.
Boira sans murmurer à la coupe de fiel.
La charité croîtra dans l’âme des superbes,
La bouche n’aura plus de reproches acerbes,
L’apôtre portera, de l’aurore au ponant,
Aux peuples aveuglés la divine parole,
La foi couronnera d’une auguste auréole
Le monde rayonnant.