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les épis

Tu dis, le dernier soir, lorsque tout va finir,
Que le pain de froment que tu viens de bénir,
C’est ton corps adorable !… Et tu veux qu’on le mange !
Et tu dis que le vin, merveilleuse vendange
Que nous présente aussi ton adorable main,
C’est le sang que pour nous tu verseras demain.

Dans quel étonnement ce mystère nous plonge !
Mais si Jésus est Dieu, rien en Lui n’est mensonge.
Oh ! n’allez pas, Chrétiens, tels les juifs inhumains,
Prendre pour le frapper la pierre des chemins !

Jésus est Dieu. Jamais, ô Divinité sainte !
Le doute ne retient, dans sa cruelle étreinte,
Le mortel anxieux qui tombe à tes genoux…
Oui, lorsque ta bonté se manifeste à nous,
En mûrissant le grain qui nourrit nos familles,
En donnant la verdure et les nids aux charmilles ;
Oui, quand j’entends l’oiseau te chanter au réveil,
Quand je vois se lever ton radieux soleil,
Quand je dis que ta main lance ou retient la foudre,
Façonne l’astre d’or ou le réduit en poudre,
Je sens de mon néant l’étrange profondeur,
Et je devine un peu ta force et ta splendeur ;