Page:LeMay - Les épis (poésie fugitives et petits poèmes), 1914.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
par droit chemin


« Connaître est-il un bien ? Est-ce un bien que d’aimer ?
Femme blanche, sais-tu comme moi la souffrance ?…
Parler ainsi pourtant, n’est-ce pas blasphémer ?
Connaître est-il un bien ? Est-ce un bien que d’aimer ?
Il me parlait d’un ciel qui s’appelle la France.
Ce ciel il le vendait pour quelques pièces d’or.
Son cœur n’était pas droit. Il souriait aux crimes.
Il suivait des sentiers tortueux, cet homme. Or,
Le mensonge est un flot qui creuse des abîmes.
Connaître est-il un bien ? Est-ce un bien que d’aimer ?
Parler ainsi pourtant, n’est-ce pas blasphémer ?

« Bois, rendez-moi l’abri de vos rameaux sans nombre,
Vos chants, vos fleurs. Ce monde étrange me fait peur.
Dans la ville des blancs je passe comme une ombre.
Bois, rendez-moi l’abri de vos rameaux sans nombre,
Je veux cacher ma honte au guerrier blanc trompeur.
La Robe Noire a mis sur mon front le baptême ;
Dans mon cœur trop naïf l’autre a mis le forfait.
Hier j’ignorais Dieu, mais j’ignorais de même
La vertu qu’il commande et le vice qu’il hait.
Bois, prêtez-moi l’abri de vos rameaux sans nombre…
Dans la ville des blancs je passe comme une ombre.