Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/31

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boiteux, les brillants harnais ont perdu leurs clefs argentés, et des bouts de corde remplacent les boucles sans ardillons ; la calèche sonne le fer ; les raies des roues tremblent dans les moyeux. Pauvres cavaliers ! ils ont commencé par où ils auraient dû finir. Non ! les cultivateurs ne devraient ni commencer, ni finir par se promener dans les voitures brillantes et coûteuses qu’ils ne peuvent payer, d’ordinaire, qu’après trois ou quatre ans, et en privant leur table de pain de blé, et leurs terres, de bonnes semences. Qu’ils ne se laissent point aveugler par une basse jalousie contre les classes élevées de la société, et qu’ils se souviennent que c’est Dieu qui a établi, dès le commencement, les différentes couches qui composent l’humanité. Que chacun soit à sa place ; que chacun travaille dans la sphère et sur la scène où la Providence l’a placé, et le monde ira bien. La misère disparaîtra de bien des lieux et la vertu brillera comme un soleil sur nos belles campagnes. Il est permis d’aspirer à monter, mais que l’on ne cherche pas à se placer au-dessus des autres par orgueil et pour mieux se délecter dans les satisfactions du luxe ou les fumées de la vaine gloire ; que ce soit pour