Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/4

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le temps s’était tenu au beau, et les grains : avoine, orge, blé, seigle et sarrasin, tout se sauvait en bon état. Aussi, Picounoc était de joyeuse humeur, et, ce jour-là, il fêtait la grosse gerbe. Il avait bien, pour être gai, une autre raison non moins valable : il épousait, dans quelques jours, la femme aimée depuis vingt ans, et Marguerite sa fille allait, en même temps, devenir l’épouse d’un jeune avocat riche de talents et d’espérances.

Il s’en allait midi. Marguerite balayait la place, car sa future position de grande dame ne la rendait ni vaine, ni paresseuse. Le balai de cèdre ramassait net les petits brins de paille, les légers flocons de laine et les mille parcelles de toutes sortes de choses qui émaillent nos planchers, après un bout de temps de travail au métier, de serrée, ou de filage. Des rayons de soleil entraient par les fenêtres comme des glaives d’or, et la poussière, au moindre souffle, se mettait à tourbillonner follement dans ces rayons. Tout à coup Marguerite s’arrêta, surprise, à l’aspect d’un étranger qui frappa à la porte. Cet étranger portait deux pistolets à sa ceinture et une carabine. Mais