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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Batiscan ! se dit-il, à part soi, un soir qu’il avait veillé avec eux, il est temps d’agir, si je ne veux perdre la partie.

Il se mit à visiter plus souvent ses jeunes voisins, s’efforçant de leur être agréable en toutes manières. Djos était prévenu et faisait bonne garde. Cependant il s’absentait souvent pour aller au champ, ou au moulin, ou au marché ; car les cultivateurs doivent voir à ce que leurs récoltes soient sauvées en bon ordre et bien vendues. Picounoc guettait le moment Noémie restait seule pour aller, sous un prétexte quelconque, la voir et lui parler. Il connaissait sa vertu et ne disait jamais rien qui pût l’effaroucher. Mais il payait la petite Mercier pour raconter à Djos ses visites fréquentes. Et, comme l’on aime à dire du mal, la petite Mercier en disait pour plus que son argent. À la fin Djos en prit ombrage :

— Si tu veux que nous restions amis, dit-il à Picounoc, viens un peu moins souvent chez moi quand ma femme est seule.

— Ah ! tu as peur ! Laisse-moi faire ; je suis en train de te prouver la justesse de mon juge-