Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
PICOUNOC LE MAUDIT.

plus son arme meurtrière, mais ses poings osseux étaient fermés, et il éprouvait comme un besoin de frapper encore. L’image de Picounoc passa devant ses yeux, moqueuse et provocatrice. Il frémit et leva le bras sur elle. Son ami lui apparaissait dans toute sa hideur.

— Picounoc ! crie t-il.

— Que veux-tu ? répond celui-ci qui se tient prudemment à l’écart.

— Où es-tu ? Viens ici, continue Djos d’une voix que la colère rend tremblante.

Picounoc ne répond pas,

— Je te rejoindrai, bien, va, maudit ! Pourquoi as-tu perdu ma femme ? Pourquoi m’as-tu révélé mon malheur ? J’étais heureux ! je l’aimais ! fallait me laisser ignorer ses fautes !…

Et, tout en faisant ces reproches à son ami, il le cherchait sous les arbres, marchant fièvreusement, tantôt droit, tantôt courbé, secouant et cassant, de ses mains puissantes, les branches qui lui barraient le passage. S’il l’eut attrappé, il lui eut fait payer cher sa dernière fantaisie ; mais Picounoc avait enjambé la clôture et s’enfuyait à la maison.