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PICOUNOC LE MAUDIT.

chef de sa tribu adoptive, et d’une vierge de la tribu des Litchanrés, la fille de cette même Satalia dont tu viens de parler. Il y a un mois à peine, Couteaux-jaunes et Flancs de Chiens — ou Tranlt-san-ot-inés et Litchanrés, si l’on ne traduit pas leurs noms — se trouvaient réunis au fort William sur le lac Supérieur, pour l’échange des fourrures contre les couvertures, les armes, la poudre et le whisky. Ils ne descendaient pas souvent jusque là. Plusieurs, même, de l’une et de l’autre tribu n’avaient jamais vu ce lac grand comme une mer. La chasse avait été bonne. Ils se livrèrent aux plaisirs et aux danses. Nous étions là plusieurs chasseurs canadiens : Moi, Robert, Beaulieu, Tiston, Leclerc, Tintaine, Poussedon, Lefendu et le grand-trappeur… Nous avions, le privilège de les voir s’amuser, mais il ne nous était pas permis de prendre part à la fête. Le chef des Couteaux-jaunes était vieux, laid et cruel ; de plus, il était boiteux, ayant perdu un pied, disait-il, dans les glaces de la baie d’Hudson. Le chef des Litchanrés était jeune et beau. Il avait vingt-deux ans seulement et n’était sachem que depuis quelques mois. Ni l’un ni l’autre n’avaient d’épouse. Mais le