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PICOUNOC LE MAUDIT.

partie du corps la chance d’être endolorie à son tour. Paul dormit trois heures consécutives, non pas sans pousser quelques plaintes dont il n’eut point connaissance. En s’éveillant il se prit à rire.

— Diable ! dit-il, est-ce que je suis changé en oiseau, Avis sum ?

— Nous sommes des aigles, murmura Baptiste, avec un grain de vanité.

— Si toutefois nous ne sommes pas des oies.

— Je dors à mon tour.

— Dors.

— Tiens-moi bien.

Noli timere, j’ai bonne poigne.

Et Baptiste, endormi à la cime du sapin, rêva qu’il était le roi des oiseaux.

Quand il s’éveilla il y avait, dans le ciel, au dessus de sa tête, des clartés indécises : c’était le jour qui s’annonçait ; il y avait, sur la terre, au dessous de lui, une obscurité encore profonde : c’était la nuit qui s’attardait sous les bois. Le chef indien n’avait pas bougé depuis la veille, et ses guerriers s’étaient montrés aussi patients dans leur cachettes.