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PICOUNOC LE MAUDIT.

Et les deux amis s’élancèrent du côté qu’ils n’avaient pas entendu de bruit. Ils passèrent près du chef sans le voir. Celui-ci épaula son arme et fit feu. L’un des fuyards tomba : ce fut Paul Hamel ; l’autre se trouva soudain en face d’un nouvel ennemi. Il ne s’arrêta pas, mais le frappa si fort du canon de sa carabine qu’il lui perça le ventre. Le sauvage poussa un rugissement terrible ; ce fut son mot d’adieu. Mais le chasseur canadien n’eut pas le temps de retirer, des entrailles du guerrier, son arme sanglante, qu’il se vit entouré d’une bande furieuse, désarmé et garotté.

— L’autre, demanda le chef, est-il bien mort !

— Il a la face sur la terre comme un lâche qui tombe en se sauvant, dit l’un des guerriers.

— Mon pied lui a écrasé la tête en passant, dit un autre.

— Le chef a l’œil juste et le bras ferme, ajoute un troisième.

— Allons danser autour de son cadavre, reprit le chef, les mânes des Couteaux-jaunes se réjouiront.

Et, parlant ainsi, ils se dirigèrent vers le lieu où l’ex-élève était tombé.