voilà grande ! Un baiser, voyons ! encore un, cela fait oublier la faim.
— Va donc emprunter un pain, Henriette, demanda la veuve avec des larmes dans la voix.
— Vous n’avez pas de pain ? dit Victor.
— Tu ne l’aimeras pas, mon enfant.
— Et vous le mangez, vous ? petite mère ?
— Faut bien !
— Voyons cela ! Et il ouvre le buffet, prend la nappe, la déroule et voit tomber un morceau de ce misérable pain d’avoine amer que trop de pauvres gens sont condamnés à manger.
— Ce pain noir ! c’est tout ce que vous avez ?
— On y est accoutumé ; mais toi !…
— Mais moi ? j’en mangerai aussi.
— Va chercher du pain de blé, Henriette.
— Où vais-je aller ?… les gens, vous le savez bien, n’aiment guère à prêter…
— Victor comprit tout : Je n’ai plus faim, dit-il… Bientôt, je l’espère, je pourrai vous apporter de meilleur pain, ma bonne mère.