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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Une imprudence, dit le chef : il se sera trop approché du bord…

O quam degringolat ! exclama, pas trop haut, l’ex-élève qui voyait tout de l’autre côté de l’anse étroite.

O what a nice culbute ! dit l’anglais !…

Le chef sauvage ou, plutôt, des sauvages, poussa un sifflement aigu auquel plusieurs sifflements répondirent aussitôt.

— Vous le voyez, dit-il, nos guerriers sont tranquilles… c’est un accident.

Et la danse recommença, et l’eau de feu circula de nouveau. Cependant le jour baissait et les guerriers sentaient la fatigue et le besoin de repos. Ils demandèrent le supplice du visage pâle. Le chef appela par un signal convenu, les guerriers qui étaient restés en faction sur la côte. Ils répondirent par une clameur de joie. Le prisonnier ne put s’empêcher de frémir à la pensée des tourments qu’il allait endurer. Il recula encore d’un pas et se trouva près du feu. Alors le grand-trappeur se leva debout, et, prenant le cadavre du guerrier qu’il avait égorgé, il le lança en bas du rocher. La stupeur se peignit