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PICOUNOC LE MAUDIT.

teurs sont entrés, il y a plus de vingt ans, à la suite de Djos, du charlatan, des gens de cage et des voleurs. C’est encore la même maison, mais avec vingt ans de plus sur le pignon ; elle est plus sombre encore qu’autrefois et s’identifie, en quelque sorte, avec le rocher noir qui la domine et l’écrase de ses trois cent cinquante pieds de hauteur. Les habitués d’autrefois sont disparus, sauf deux ou trois, mais ceux d’aujourd’hui ne valent pas mieux. La mère Labourique n’est plus derrière le comptoir ; elle se tient assise dans son fauteuil, auprès de la fenêtre, et s’amuse à regarder les passants. La Louise, plus jaune, si c’est possible, que dans sa jeunesse, a succédé à sa mère. Elle a trouvé un mari, l’a perdu — temporairement — et elle fait un glorieux veuvage.

Robert et Charlot entrent en riant.

— Qu’y a-t-il de si drôle ? demanda la Louise.

— Batiscan ! dit Charlot, on ne fait pas de rencontre comme celle-là tous les jours.

— Non, Seigneur ! dit Robert.

— Quelle rencontre ? demande la Louise.

— On te contera cela ; rien de plus singulier. C’est un des plus beaux tours du hasard.