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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Vos couteaux sont-ils bien aiguisés ?

— Oui !

— Et bien ! attachez à un tronc d’arbre le grand chef, et lancez-lui vos couteaux dans le cœur, à vingt pas de distance… On verra lequel de vous est le plus habile.

Une clameur joyeuse suivit les paroles du chef, et le grand-trappeur fut attaché au tronc d’un sapin. Il ne tremblait pas. Les jeunes gens se placèrent en rang à vingt pas. Les femmes regardaient avec curiosité. L’une d’elles pleurait : c’était Iréma. Le sort avait désigné l’ordre dans lequel on devait tirer. Le premier qui s’arma du couteau fut le Loup cervier. Il regarda sa lame tranchante et dit en souriant :

— Vous autres, vous ne frapperez qu’un cadavre.

Alors il visa, d’un œil perçant au cœur du grand-trappeur, leva le bras lentement et, toujours l’œil fixé sur le prisonnier, il lança l’arme sifflante.

— Nul ! c’est nul ! à recommencer, s’écria-t-il furieux, on m’a touché le bras.

Le couteau n’avait déchiré que le gilet du prisonnier.