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PICOUNOC LE MAUDIT.

Et il partit, marchant avec précaution pour ne pas donner l’éveil. Il longea la rive et, se glissant comme un serpent sous les feuillages, il arriva à quelques pas du feu. Personne ne rôdait autour de ce foyer, et la flamme allait s’éteignant insensiblement. Il pensa que les chasseurs étaient partis, ou s’étaient cachés à son approche pour le surprendre ou le reconnaître. Sachant que les seuls ennemis qu’il avait à craindre, les Couteaux-jaunes, ne pouvaient se trouver là, il s’approcha du feu hardiment et le réveilla en l’attisant avec un rondin à demi-brûlé. Il se disait qu’il valait autant passer la nuit en cet endroit qu’ailleurs, et que le feu allumé par des inconnus le réchaufferait tout aussi bien que celui qu’il allumerait lui-même. Les flammes pétillaient et jetaient une vive lueur sur le rivage. Un ruban de feu traversait la rivière, et un voile d’une horrible obscurité couvrait le bois et se déroulait dans l’air à une faible hauteur. Cependant cette obscurité n’était que relative. Le voile, sombre pour celui qui se trouvait au dessous, était lumineux pour ceux qui le voyaient de loin.

Deux canots d’écorce descendaient rapide-